Festival des 3 Continents | Critique : Bilesuvar

À Bilesuvar, ville oubliée du sud de l’Azerbaïdjan, des hommes et des femmes cherchent une direction à leurs existences sans fard. Ils laissent ainsi filtrer leurs désirs, leurs sentiments d’abandon, mais aussi leurs combats intimes. Une histoire après l’autre, se dessine l’âme de Bilesuvar.

Bilesuvar
Azerbaïdjan, 2020
De Elvin Adigozel

Durée : 1h26

Sortie : –

Note :

NUIT NOIRE

Bilesuvar est le nom d’une ville d’Azerbaïdjan, et celle-ci donne son titre au long métrage réalisé par Elvin Adigozel (lire notre entretien), qui fut découvert à Locarno avec son premier long Chameleon. De Bilesuvar, on voit d’abord des images tristes et muettes, avant que la caméra de Adigozel ne s’attache à quelques personnages. Il n’y aura pourtant pas de personnage principal à proprement parler dans Bilesuvar : on suit un protagoniste après l’autre en une multitudes de micro-récits qui captent leur quotidien à travers une poignée de scènes. Un jeune homme se prépare à entrer dans l’armée, un metteur en scène propose un rôle à son actrice, une chanteuse se maquille et va tourner dans un clip… « Qu’est-ce que je fous là ? » se demande l’un d’eux – et à vrai dire, c’est une question qui pourrait être commune à tous les personnages croisés dans le film.

« Pars, n’attends pas », conseille un autre. Adigozel saisit l’atmosphère maussade des lieux, la lumière lugubre des nuits et il y a définitivement quelque chose de sinistre dans ces coins boueux. On filme régulièrement des endroits vides dans Bilesuvar, et les couloirs dans le long métrage semblent eux-aussi mener à d’autres endroits désolés. Le film va t’il se perdre dans cette impasse ? On pourrait effectivement frôler la caricature monochrome mais l’écriture particulière et la concision de ces portraits donnent à Bilesuvar un respiration assez singulière.

On se retrouve saisi lorsque l’un des protagonistes s’enfonce dans une épaisse végétation jaune après tout cet horizon marron. Une tache de couleurs et un peu de beauté quelque part, qui s’invite de manière surprenante, à l’image des derniers plans en reflets inversés du début du film : muets eux aussi, mais qui attrapent la triste beauté de la nature. Ce n’est pas tant là un chant naïf du retour à la nature qu’une manière de passer par-dessus les murs, s’émanciper du monde et peut-être entrevoir une lumière.

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par Nicolas Bardot

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