A voir en ligne | Critique : Milla

Milla n’est pas une adolescente comme les autres et quand elle tombe amoureuse pour la première fois, c’est toute sa vie et celle de son entourage qui s’en retrouvent bouleversées.

Milla
Australie, 2019
De Shannon Murphy

Durée : 1h57

Sortie : 28/07/2021

Note :

DENTS DE LAIT, DENTS DE LOUP

Milla ressemble tantôt à une gamine, tantôt à une jeune femme – cela dépend peut-être des perruques qu’elle porte. Car même s’il lui reste encore une dent de lait, même si elle semble tomber amoureuse pour la première fois, Milla est gravement malade et son cancer la confronte à des épreuves qui paraissent insurmontables pour une si jeune créature. Mais qui peut bien surmonter de telles épreuves ?

Dans son premier long métrage, la réalisatrice australienne Shannon Murphy met en scène un chamboulement tragique… jusqu’au comique. Sans être franchement une comédie, Milla (dont le titre original est Babyteeth) est peuplé de protagonistes bousculés dont les dysfonctionnements touchent au grotesque. Personne ne tient son rôle social, ni le père ni (surtout) les mères – dont celle de l’héroïne, incarnée par une Essie Davis (The Babadook) lookée comme Anne Dorval sortie d’un Dolan.

Milla tombe amoureuse d’un mauvais garçon finalement assez tendre – en fait, même décriée, leur romance reste moins absurde que tout ce qui les entoure. C’est un peu comme si l’héroïne de Girl Asleep rencontrait un protagoniste de American Honey, dans un mélange de registres assez revigorant. Dans Milla, les intertitres romanesques et aux séduisantes couleurs donnent l’illusion qu’on peut définir les choses, comme on collerait des étiquettes sur de jolies boites. Murphy les envoie régulièrement valser dans ce film où l’on croit avoir une attaque dès qu’on sent son cœur battre.

Pour traduire ce sentiment à fleur de peau, la construction narrative assez ambitieuse délaisse le récit linéaire et se montre tout en ruptures et en digressions. De la même manière, la caméra est très vive et aussi instable que les sentiments des personnages. C’est le pari de la réalisatrice pour nous faire partager les jours radieux et ceux qui le sont moins de sa troupe de personnages. Le film est adapté d’une pièce, ce qui est insoupçonnable de la première à la dernière seconde du long métrage. Milla est une belle découverte, poignante comme peut l’être un très bon mélodrame, qui donne avant tout à voir un feu d’artifice sur un visage.


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par Nicolas Bardot

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