Festival de La Rochelle | Critique : Atlantis

Ukraine, dans un futur proche. Un soldat souffrant de stress post-traumatique rencontre une jeune volontaire, Katya, dont la mission est d’exhumer des cadavres de guerre…

Titre
Ukraine, 2019
De Valentyn Vasyanovych

Durée : 1h46

Sortie : –

Note :

TERRAIN MINÉ

Lors de la première scène d’Atlantis, on distingue des silhouettes un peu abstraites, filmées par une caméra infrarouge. On découvre peu à peu que celles-ci sont occupées par une sale tache : enterrer un cadavre. Le récit d’Atlantis se déroule dans un futur proche, en 2025, en Ukraine. Un saut dans le temps suffisamment léger pour que l’histoire racontée reste accrochée au réel (le lendemain du conflit opposant l’Ukraine et la Russie) tout en offrant la perspective particulière d’un film de science-fiction. C’est un décor de film post-apocalyptique qui est croqué ici : l’horizon industriel, l’usine aux rougeoiements comme infernaux, les immeubles décrépis qui abritent des pianos en ruines et des télévisions éventrées…

Dans ces lieux fantômes, l’Ukrainien Valentyn Vasyanovych filme un protagoniste hanté, soldat rongé par un stress post-traumatique. Impossible de se débarrasser de ce poids, qu’il soit mental ou physique dans ce long métrage rempli de lourdes machineries, de tanks et de camions difficiles à manœuvrer. En creux, Atlantis, lauréat du prix Orizzonti à la dernière Mostra de Venise, décrit un désastre écologique avec une terre vouée à être abandonnée pour des années.

Pour survivre, la froideur est de rigueur : celle d’un légiste face à un corps momifié, celle de gars costauds et de leurs jeux virils. Valentyn Vasyanovych était également directeur de la photographie pour The Tribe, autre gros morceau formel de son compatriote Myroslav Slaboshpytskyi. Il filme chaque scène d’Atlantis en plan séquence. Cela confère au film une certaine force, ça le cadenasse aussi. On se concentre sur l’action comme on en sort parfois lorsqu’on pressent ici ou là la mécanique de chaque segment.

C’est quand il s’échappe de ce programme que le film est le meilleur. Lors de ses fulgurances poétiques, comme lorsqu’au dessus du no man’s land s’envole une nuée d’oiseaux noirs. Ou lors de ce plan stupéfiant : une mer de tombes fleuries, comme une incongruité surréaliste et colorée sur une terre noire.

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par Nicolas Bardot

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