Busan 2019 | Critique : An Old Lady

Hyojeong, 69 ans, est hospitalisée et violée par un aide-soignant. Elle l’informe Dongin qui vit avec elle et appelle la police. Lorsque l’aide-soignant prétend qu’il s’agissait de rapports sexuels consentis, Hyojeong et Dongin sont sous le choc…

An Old Lady
Corée du Sud, 2019
De Lim Sun-Ae

Durée : 1h39

Sortie : –

Note :

A VOIX HAUTE

Lors d’une scène de An Old Lady, par un subtil montage, on n’identifie pas immédiatement qui dit quoi et qui parle à qui. C’est une scène importante dans le cadre d’un film où la parole est cruciale, et le procédé questionne intelligemment la valeur que l’on accorde à cette parole et à son locuteur. L’héroïne de An Old Lady est une femme de 69 ans qui a été agressée sexuellement par un jeune infirmier. Comment en parler, et question terrible : va t-on la croire ?

La toute première scène, là encore, se concentre sur ce qui est dit. L’écran est noir et l’on n’identifie pas immédiatement le drame, comme Hyojeong, stupéfiée par son agression. La Coréenne Lim Sun-Ae (lire notre entretien), qui signe ici son premier long métrage, filme avec une grande sobriété son héroïne dont l’âge semble être une circonstance accablante pour être crue. Le long métrage doit beaucoup à la prestation en retenue et d’un élégant charisme de l’actrice Ye Su-Jeong, qu’on a pu voir auparavant chez Hong Sang-Soo, dans The Bacchus Lady, Sea Fog ou Dernier train pour Busan.

Pour ses débuts, Lim fait preuve de suffisamment de talent pour ne pas avoir à s’embarrasser du superflu (comme ici une musique en trop, des arcs narratifs pas indispensables). Alors qu’on l’on suit l’enquête, en creux, Lim suggère une autre libération pour son héroïne (et pas seulement elle) : celle de la parole, à voix haute, dans une société qui s’attend confortablement à ce que les victimes se terrent dans le silence.

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par Nicolas Bardot

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