Busan 2020 | Critique : All The Things We Never Said

Atsuhisa est un homme ordinaire, marié et père d’une fille de 5 ans. Il est resté proche de son ami d’enfance, Takeda. Un jour, Atsuhisa quitte son travail plus tôt pour rentrer chez lui. Il découvre sa femme en train de faire l’amour avec un étranger. Atsuhisa se sent incapable d’exprimer ses sentiments de colère, de frustration et de tristesse. Ses relations avec son épouse et Takeda en pâtissent…

All The Things We Never Said
Japon, 2020
De Yuya Ishii

Durée : 1h32

Sortie : –

Note :

DU SILENCE ET DES OMBRES

All The Things We Never Said s’ouvre par une scène qu’on identifie immédiatement comme un souvenir : un halo sur les images les prive de netteté, une ritournelle cheesy accompagne ce moment heureux et les couleurs sont plus vives que dans la réalité. En un cut, All The Things… revient à aujourd’hui, la nuit, quand la lumière et les couleurs se sont éteintes. Yuya Ishii use beaucoup de ce type de contrastes dans son nouveau long métrage. Ce qui par bribes revient en mémoire, ce qu’on ressent un court instant, ce qu’on imagine peut-être : tout cela s’invite en inserts comme si l’on était plus attentif qu’ailleurs aux sentiments des personnages.

Cette construction acrobatique, cette structure régulièrement elliptique, ces sauts dans le temps ont aussi un prix, et le récit de All The Things We Never Said peut parfois être brouillon. Mais l’usage du montage comme véritable outil de narration dans le long métrage donne aussi du relief à celui-ci. L’utilisation du silence également, dans un film où l’on laisse assez de place à ce qu’on voit et examine.

« Radiation ou pas, qu’est-ce qu’on peut y faire ? », se demande l’une des protagonistes quand arrivent de nouvelles informations sur Fukushima. Cela peut ressembler à du fatalisme, ou de l’indifférence. Mais Ishii s’intéresse justement à « toutes ce qu’on ne s’est jamais dit ». Sur ce que ses personnages sont autorisés – ou plutôt, ne sont pas autorisés – à exprimer. Ou alors dans une chanson sentimentale, ou dans une autre langue. « Je suis Japonais, je ne peux pas pleurer » se lamente le héros, lors d’une réplique un peu trop explicite. S’il manque de fluidité, ce drame interprété avec conviction est assez élégant.

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par Nicolas Bardot

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