Critique : Ali & Ava

Ali et Ava n’avaient aucune raison de se rencontrer. Blessés par la vie, c’est leur affection commune pour Sofia, une jeune fille dont Ava est l’assistante scolaire qui les fait se croiser. De là va naître un lien profond au-delà des différences sociales et culturelles.

Ali & Ava
Royaume-Uni, 2021
De Clio Barnard

Durée : 1h35

Sortie : 02/03/2022

Note :

TOUT CE QUI NOUS SÉPARE

Ali et Ava ne se ressemblent pas. Veuve d’origine irlandaise, Ava est à la tête d’une famille désormais éparpillée. D’origine pakistanaise, Ali n’ose pas avouer à sa famille qu’il est en train de se séparer de sa femme. Dans leurs banlieues différentes mais pas plus cosy l’une que l’autre, tous deux ont des conditions de vie qui les obligent à rester sur leurs gardes. Ava craint que son fils ne reproduise le comportement brutal de son père, et Ali sait qu’on lui jettera des pierres au visage s’il se rend dans certains quartiers. C’est un hasard sorti tout droit du manuel des comédies romantiques qui les rapproche : un soudain orage qui les contraint à partager un trajet en voiture.

Dans ses films précédents (fictions comme documentaires), la réalisatrice britannique Clio Barnard a fait preuve d’un réel talent d’écriture pour dépeindre les classes défavorisées avec sobriété et réalisme. Tout en s’inscrivant dans la même ambition, Ali & Ava apporte quelque chose de nouveau, une généreuse dose de chaleur humaine, comme un rayon de soleil après l’orage. Ali & Ava rentre dans les cases bien identifiables du cinéma social britannique (on pourrait même comparer le film à un Ken Loach solide). Mais c’est également une très attachante comédie romantique.

Malgré sa grisaille environnante, Ali & Ava est un film qui brille. Il ne brille pas par l’originalité de son scénario, mais ce n’était pas le but. Clio Barnard assume d’ailleurs jusqu’au titre la référence à Tous les autres s’appellent Ali de Fassbinder. Il brille par quelque chose d’aussi difficilement quantifiable que la bienveillance contagieuse de son regard. L’écriture pourrait bénéficier d’un peu plus d’acuité par moments (les personnages de la famille d’Ava ont l’air d’être écrits avec davantage de nuances que ceux du côté d’Ali). L’horizon est restreint autour de cette ville du Yorkshire et la caméra préfère rester au plus proche de ses personnages, dans tous les sens du termes. Via un travail sonore astucieux, les tubes populaires passent de leurs oreilles aux nôtres comme s’ils nous prêtaient leurs propres écouteurs. Un effet immersif précieux qui reflète la réussite romanesque du film.

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par Gregory Coutaut

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