Critique : 143 rue du désert

En plein désert algérien, dans son relais, une femme accueille, pour une cigarette ou un café, des routiers, des êtres en errances et des rêves… Elle s’appelle Malika.

143 rue du désert
Algérie, 2019
De Hassen Ferhani

Durée : 1h40

Sortie : 16/06/2021

Note :

LA REINE DU DÉSERT

Dans son documentaire primé cet été au Festival de Locarno, l’Algérien Hassen Ferhani filme le quotidien d’une femme âgée travaillant et vivant au cœur du désert. La première image de 143 rue du désert est un long plan sur une maisonnette qui semble perdue dans l’ombre du monde, un endroit duquel on peut presque voir à quel point le Sahara est vaste. Ferhani fait, à travers Malika, le portrait d’une force de vie. Elle n’a pas d’enfants, pas de parents et n’a pas peur des loups ; elle sert des cafés et tient compagnie aux visiteurs.  

C’est un personnage du quotidien, c’est aussi une héroïne quasi-mythique, avec des rumeurs qui courent sur elle. La simplicité du dispositif met en valeur les protagonistes et l’aspect vivant du long métrage. Cet endroit semble oublié, mais pourtant on s’y rencontre, on y parle, on y danse, on y chante. Néanmoins, par son honnêteté et son épure, Hassen Ferhani évite les artifices pittoresques.

Mais qu’est-ce se passe autour de cette maison au bord de la route ? Les soldats déambulent mais on ne sait pas d’où ils viennent. Il y a un côté absurde, comme si Malika était la lointaine cousine de Lillian Gish dans Le Vent. En plus paisible certes, mais le film pose aussi des questions sur la condition féminine avec cette femme qui est à la fois entièrement au service et à l’écoute des autres tout en étant hors des règles. Qu’est-ce qu’on perçoit du monde qui se transforme autour ? En insistant sur ce lieu précis, Ferhani questionne aussi ce qui est hors du cadre, dans un endroit qui, de nuit, paraît étrangement abstrait.

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par Nicolas Bardot

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