Berlinale 2019 : nos pronostics

Changements en vue à Berlin! 2019 sera en effet la dernière année de Dieter Kosslick à la tête de la Berlinale, lui qui assurait le poste de directeur et programmateur depuis 2001. Il sera remplacé l’an prochain par l’Italien Carlo Chatrian (actuel directeur artistique de Locarno) et la Hollandaise Mariette Rissenbeek (directrice de German Films). Départ également de Christoph Terhechte, qui dirigeait depuis 18 ans le Forum, la plus pointue des sections parallèles (qui nous avait offert un incroyable cru 2018). Que nous réserve donc cette Berlinale numéro 69? Certainement une ligne éditoriale toujours aussi inclusive (moins de violeurs et plus de réalisatrices qu’ailleurs), et autant de passionnantes découvertes que ces dernières années. Le Polyester sort sa boule de cristal, et vous fait part de ses pronostics.

 

FRANCE, BELGIQUE ET QUÉBEC

Du coté des pronostics français, deux noms se détachent : Grace à Dieu de François Ozon et Dernier amour de Benoit Jacquot. Les films sortent en effet en France dans la foulée du festival, et les deux cinéastes sont déjà passés récemment par Berlin. Parmi les autres Français habitués, gardons un œil sur le nouveau film d’André Téchiné avec Catherine Deneuve, ainsi que sur Haut Perchés de Ducastel et Martineau, dont le tournage s’est terminé récemment (peut-être trop). Quant à Isabelle Huppert, très souvent célébrée à Potsdamer Platz, elle est à l’affiche de la relecture de Blanche neige par Anne Fontaine. On miserait bien également sur My Zoe de Julie Delpy, co-production allemande tournée en anglais, où l’on retrouvera Daniel Brühl et Nicolette Krebitz. Il faut cependant savoir que ces dernières années, le nombre de cinéastes français présents à Berlin a baissé. La faute à l’attrait cannois ? Ainsi, il faudra sans doute attendre le printemps pour avoir des nouvelles des films de Lucie Borleteau, Sophie Letourneur, Quentin Dupieux ou Bruno Dumont. Même si les films de genre ne sont pas légion à Berlin, on aimerait bien voir Adoration de Fabrice du Welz avec Emmanuelle Béart et Béatrice Dalle. Du côté du Canada francophone : nous misons sur la présence de Cash Nexus de François Delisle (Chorus), et de l’habitué Denis Côté avec Ghost Town Anthology.

ALLEMAGNE

En ce qui concerne l’Allemagne, nos paris se trouvent du coté des filles. Cela fait presque dix ans qu’Angela Schanelec n’est pas venue présenter de film à la Berlinale. Or, elle termine actuellement son nouveau long métrage au titre intrigant : Ich war zuhause, aber (« J’étais à la maison, mais »). Katrin Gebbe, révélée à cannes en 2013 avec le glaçant Aux mains des hommes, a dirigé la star Nina Hoss dans Pelikanblut. Quant à Maren Ade, c’est en tant que productrice qu’on la retrouvera probablement, puisqu’elle a coproduit Roads, le nouveau film de Sebastian Schipper (Victoria, compétition 2014). Parmi les réalisateurs récemment sélectionnés, notons également Edward Berger (Jack) qui réunit dans Geschhister deux des meilleurs acteurs allemands du moment : Lars Eidinger et Hans Low. Mais aussi Werner Herzog et son documentaire sur les comètes, Fireball. On imagine que Fatih Akin, qui a à nouveau le vent en poupe depuis In the Fade (et dont la rumeur dit qu’il n’est pas dans les petits papiers de Kosslick) devrait viser d’autres festivals avec son nouveau film. L’Allemagne pourrait être présente en filigrane à travers d’autres films européens : Gomera réalisé par le Roumain Corneliu Porumboiu et produit par Maren Ade, Freaks Out de l’Italien Gabriele Mainetti (Jeeg Robot), dans lequel joue Franz Rogowski, ou bien le drame anglais The Aftermath avec Keira Knightley, qui remplirait parfaitement la case du “film historique vaguement prestigieux sur le 3e Reich”.

EUROPE

C’est sans doute le nom le plus prestigieux de ces pronostics : Pedro Almodovar, qui n’a pas présenté de film à Berlin depuis Attache-moi en 1990, fera-t-il son retour à Potsdamer Platz? Très peu d’infos circulent à propos de son nouveau film Dolor y Gloria, si ce n’est qu’une date de sortie est actuellement prévu en Espagne…en février. Sa compatriote Isabel Coixet, plus habituée du festival, termine un drame lesbien en costume : Elisa y Marcela. Coté Méditerranée toujours, on garde un oeil sur Monday du Grec Argyris Papadimitropoulos (Suntan), As filhas do fogo du Portugais Pedro Costa, et Martin Eden de l’Italien Pietro Marcello (Bella e perduta). C’est également en Italie qu’Andrey Konchalovskiy a récemment tourné son nouveau film: Il peccato.

Du coté de la Scandinavie, on ignore où en est exactement About Endlessness de Roy Andersson , mais des extraits viennent d’en être présentés à Séville. L’Islandais Grimur Hakonarson (Béliers), et la Danoise Lone Sherfig (Une éducation) pourraient venir présenter respectivement The County et The Kindness of Strangers. Quant au Norvégien Hans Petter Moland, il n’a pas moins de deux longs métrages qui sortent peu après le festival : Out Stealing Horses et Sang Froid (remake anglophone avec Laura Dern de son propre film Refroidis, présenté en compétition en 2014). Deux films également en post-production pour Kenneth Branagh : Artemis Fowl et All is True qui sort en décembre aux États-Unis pour les Oscars, puis en février en Europe. Après Einsestein (compétition 2015), c’est au Roumain Brâncusi que Peter Greenaway consacre un biopic : Walking to Paris. Dans une veine peut-être similaire, le Polonais Lech Majewski (Bruegel, le moulin et la croix) termine actuellement Valley of the Gods avec Charlotte Rampling. Sa compatriote Agnieszka Holland (en compétition en 2017 avec l’inédit Pokot) met un terme au thriller historique Gareth Jones. Enfin, deux cinéastes hongrois sont dans nos radars : Agnes Kocsis (Pal Adrienn) avec Eden, et György Pàlfi avec Mindörökké.

ASIE

Gong Li, présidente du jury en 2000, pourrait revenir sur le tapis rouge pour présenter Saturday Fiction de Lou Ye. Quant à leur compatriote Wang Bing, quelques semaines seulement après la sortie de son monumentale Les Âmes mortes, il a déjà un nouveau documentaire sous le coude : Shanghai Youth. Du Japon, on attend de pied ferme To the Ends of the Earth de Kiyoshi Kurosawa tandis qu’It Comes de Tetsuya Nakashima (Kamikaze Girls) fera sa première japonaise en décembre, avant un saut à Berlin ? Parmi les nombeux projets d’Anurag Kashyap (Gangs of Wasseypur), notons un long métrage actuellement en post-prod : Womaniya. Du côté du Kazakhstan, Zhanna Issabayeva (Nagima, Forum 2018) et Emir Baigazin (Leçons d’harmonie) terminent respectivement Rejected et Would you Like to Stargaze, une collection de différents courts métrages. Du coté du Proche-Orient, on imagine que la coproduction française Synonymes de Nadav Lapid vise plutôt Cannes.

AMÉRIQUE LATINE

Le Chilien Sebastian Lelio, qui avait ravi la Berlinale avec Gloria puis Une femme fantastique, pourrait bien venir présenter hors compétition Gloria Bell, remake anglophone de son propre film, avec Julianne Moore dans le rôle-titre. Le film n’est en effet passé nulle part depuis sa première à Toronto il y a quelques semaines. Son compatriote Pablo Larrain termine actuellement son nouveau film, Ema, avec Gael Garcia Bernal, et pourrait revenir en compétion après El Club en 2015. 2015, c’était également l’année où fut révélé Jayro Bustamente avec Ixcanul. Ce dernier pourrait revenir avec son nouveau film: Temblores. Du côté du Brésil, on imagine mal Kleber Mendonça filho présenter Bacurau ailleurs qu’à Cannes, alors nous misons plutôt sur A Vida invisivel de Karim Ainouz (Madame Sata).

ÉTATS-UNIS

On les attendait peut-être à Sundance, mais ils ne font pas partie des premiers noms annoncés, alors qu’ils sortent un peu partout dans le monde entre février et avril: cela signifie-t-il que c’est à Berlin que nous decouvrieront Where’d You Go Bernadette de Richard Linklater avec Cate Blanchett, Us de Jordan Peele avec Elisabeth Moss et Lupita Nyong’o ou bien The Beach Bum de Harmony Korine? Autre sortie du printemps : Doug Liman n’est pas le cinéaste américain qu’on imaginerait le plus à la Berlinale, mais son Chaos Walking écrit par Charlie Kaufman nous rend bien curieux. Quant au Dumbo par Tim Burton, on ne sait vraiment pas où il faut l’attendre.

Parmi les films actuellement en post-production mais sans date de sortie, on retrouve plusieurs cinéastes récemment passés plusieurs fois par Berlin. Si la sortie de Frankie d’Ira Sachs avec Isabelle Huppert est déjà prévue pour plus tard dans l’année (septembre en France), et si Jim Jarmush vise probablement Cannes avec son film de zombies, misons plutôt sur High Flying Bird de Steven Soderbergh, Radegund de Terrence Malick ou bien encore sur les nouveaux films de Miranda July (enfin!) et de Noah Baumbach, tous deux encore sans titre. Quant aux nouveaux films – également en post-prod – de Benh Zeitlin (Les Bêtes du sud sauvage), Josephine Decker (Madeline’s Madeline), Trey Edward Shultes (It Comes at Night) et Robert Eggers (The Witch), d’après un récent article d’Indiewire, ils n’étaient pas prêts pour pour être sélectionnés à Sundance cette année. Pas prêts ou bien … reservés par d’autre festivals. De même, la date de sortie de Midsommar de Ari aster (Hérédité), prévue en août aux Etats-Unis, indique à priori une présence dans d’autre festivals.

Dossier réalisé par Gregory Coutaut le 29 novembre 2018

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