Festival de la Roche-sur-Yon | Critique : Friday’s Child

Texas. Richie, 18 ans, sort de placement familial et peut enfin goûter à la vie indépendante, jusqu’à ce que son destin le rattrape.

Friday’s Child
États-Unis, 2018
De A.J. Edwards

Durée : 1h31

Sortie : –

Note : 

FRIDAY’S CHILD, HARD LUCK IS HIS BROTHER

Avant de réaliser son premier long métrage, l’inédit en France The Better Angels, A.J. Edwards a collaboré avec Terrence Malick. Le réalisateur a travaillé sur les montages du Nouveau monde, A la merveille, Knight of Cups et Song to Song, soit des films qui appartiennent à un système narratif très spécifique dans la filmographie du maître. On imagine une telle expérience enrichissante, mais si The Better Angels était un beau film, il était aussi un peu trop envahi par l’esprit de Malick (également producteur), ressemblant souvent à un décalque de son style unique. Friday’s Child a beau avoir un autre producteur de haut standing (Gus Van Sant), le film évoque immédiatement par sa construction, son montage comme pur outil narratif, sa caméra en lévitation, le cinéma récent de Malick.

Mais Edwards semble davantage s’approprier ces codes. Cette narration par bribes est le moyen ici d’éviter de psychologiser. On suit la vie tumultueuse d’un jeune homme pas encore tout à fait cuit et pourtant déjà abimé (Tye Sheridan, révélé il y a 7 ans dans… The Tree of Life). On est dans l’action avant la présentation, et c’est en partie ce qui donne au film un sentiment d’urgence. C’est un souffle fantôme d’une Amérique perdue qui traverse pourtant le film.

Les maisons y ressemblent à des habitations vides pour Sims. Les lieux semblent toujours trop grands, les couloirs trop longs. Ses âmes perdues y errent, traversent un motel où sont posés des sapins de Noël miteux. Friday’s Child va du poétique au politique avec adresse et un certain romanesque. Une amertume poignante aussi, car contrairement à Malick, il n’est nullement question de paradis perdu puisque ces jeunes gens ne semblent en avoir jamais connu.

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par Nicolas Bardot

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