Festival de la Roche-sur-Yon | Critique : Museo

Juan et son ami volent des artefacts mayas du Musée national de Mexico pour les revendre.

Museo
Mexique, 2018
De Alonso Ruizpalacios

Durée : 2h06

Sortie : –

Note : 

ROMAN NATIONAL

Hallucinante aventure. Museo nous raconte une drôle d’équipée qui va propulser un grand ado bougon, pas encore sorti du giron familial, à travers l’histoire de son pays. Mais le dépaysement le plus imprévisible, c’est le nôtre face à l’imprévisible mélange de registres du film.

A mesure que Juan (Gael Garcia Bernal) va quitter sa chambre pour s’enfoncer – aux sens propre et figuré – dans la jungle maya, le film entier va se dérouler comme un jeu de l’oie. Un parcours ludique qui va successivement donner de nombreux visages à ce récit d’aventures archétypal : la comédie picaresque, le thriller, la telenovela bouffonne, le documentaire éducatif, etc. Dès ces images d’archives placées en ouverture, où – excusez du peu – un dieu traverse carrément la ville, on sent qu’on est devant un film unique, à la fois aventure de Pieds nickelés et épisode de Connaissance du monde.

A qui appartient l’Histoire ? Qui peut légitimement en hériter ? Ce sont les passionnantes et très sérieuses questions posées par le film en filigrane. Juan et son acolyte dérobent des antiquités maya dans un musée d’anthropologie. Partagés entre remords et soif de l’or, on suit alors leurs tentatives de se débarrasser de cette patate chaude. Dangereuse ou pathétique (et souvent les deux), chaque rencontre de leur parcours va les pousser à réfléchir à leur position face à leur identité nationale ; mais également les faire s’approcher de la folie. A chaque étape de leur parcours va correspondre également un type de mise en scène, comme une série d’hommages aux images d’Épinal du cinéma mexicain, tels ces aventuriers blancs avinés devant des chicas couvertes d’or ou encore cette baston en costard parmi les clients d’un bar (un passage incroyable, mis en scène avec dérision et élégance à la fois).

Cette mise en scène multiple crée parfois une distance trop importante avec le récit (par moment, le film a l’air presque trop réfléchi), mais elle lui apporte également beaucoup de respirations, alors que celui-ci pourrait rester sagement sur les rails d’un humour ironique-cool (on imagine déjà la tronche du remake hollywoodien au ras-des-pâquerettes, dépourvu de toute imagination). Elle apporte également de nombreux virages inattendus proches du fantastique. Par moments – comme lorsque l’on se retrouve face à de gigantesques structures en pleine nuit – on ne sait même plus si les plans sont encore figuratifs.

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par Gregory Coutaut

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