A voir en ligne | Critique : Meurs, monstre, meurs

Dans une région reculée de la Cordillère des Andes, le corps d’une femme est retrouvé décapité. L’officier de police rurale Cruz mène l’enquête. David, le mari de Francisca, amante de Cruz, est vite le principal suspect. Envoyé en hôpital psychiatrique, il y incrimine sans cesse les apparitions brutales et inexplicables d’un Monstre. Dès lors, Cruz s’entête sur une mystérieuse théorie impliquant des notions géométriques, les déplacements d’une bande de motards, et une voix intérieure, obsédante, qui répète comme un mantra : “Meurs, Monstre, Meurs”…

Meurs, monstre, meurs
Argentine, 2018
De Alejandro Fadel

Durée : 1h46

Sortie : 15/05/19

Note : 

PLUS BEAU QUE MOI TU MEURS

Découvert avec Los Salvajes, l’Argentin Alejandro Fadel (lire notre entretien) fait un franc virage vers le cinéma de genre avec Meurs, monstre, meurs. Ce film d’horreur qui fonctionne sur la peur de l’inconnu et qui s’y enfonce comme dans une nuit noire raconte l’enquête d’un officier de police sur un cas sordide à en perdre la tête. Cela se déroule quelque part dans la Cordillère des Andes, cela semble à vrai dire avoir lieu dans un coin totalement oublié du monde. Sauvage, infiniment sauvage, comme les choses terribles qui s’y déroulent et qui comme on le note, ne s’expliquent pas : « Il y a l’horreur des images mais c’est impossible à exprimer ».

L’atmosphère de Meurs, monstre, meurs a beau être terriblement et délicieusement poisseuse, il y a une certaine flamboyance dans ce film où les éclairs zèbrent le ciel. Les ténèbres de Meurs… sont pleines de couleurs et le film est d’une grande générosité. On n’imaginait pas immédiatement un film aussi divertissant, fun et étonnant, mais le long métrage gagne réellement à délaisser le polar sérieux unidimensionnel pour l’horreur qui prend sa fantaisie très au sérieux. Meurs, monstre, meurs offre un ride sensoriel et surréaliste qui laisse parfois bouche bée.

« Que tout soit violent ou simple comme une prière ». Il y a quelque chose de fulgurant dans ce jeu de pistes cinéphile qui va de registre en registre et de case en case sans jamais y être réductible. On pense à une parabole mystique digne du Bruno Dumont de Hors Satan ou à l’imaginaire violent d’un Amat Escalante dans La Région sauvage – sauvage, on y revient. C’est aussi pourquoi il est précieux : ce n’est pas un objet poli, lissé pour le public auteur ou le public horreur, il est libre et sans peur du ridicule. On applaudit cette grande réussite de toutes nos mains.


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par Nicolas Bardot

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