Critique : Domingo

Au sud du Brésil, Laura, matriarche d’une famille de la haute bourgeoisie, retrouve les siens dans leur maison de campagne, pour un repas dominical. Mais en ce jour d’investiture du Président Lula, rien ne se passe comme prévu. Comme en écho à ce séisme politique, tout semble se dérégler dans la propriété : les domestiques renâclent, la maison se délabre à vue d’oeil, et les névroses et secrets de trois générations menacent de tout emporter.

Domingo
Brésil, 2018
De Fellipe Barbosa et Clara Linhart

Durée : 1h34

Sortie : 10/10/2018

Note : 

VIVEMENT DIMANCHE

On a pu découvrir le travail du Brésilien Fellipe Barbosa en solo sur des films tels que Casa grande et Gabriel et la montagne, tous les deux sortis en France. Mais Clara Linhart, sa co-réalisatrice sur ce Domingo, n’était déjà pas loin – la jeune femme était première assistante sur Casa grande et a produit Gabriel et la montagne. Leur première réalisation semble à première vue une chronique bourgeoise légère et estivale, avec un air de vacances. « Où est Buenos Aires ? » : on ne sait même plus, on chausse ses lunettes de soleil et on profite du ciel bleu.

Sauf que le domingo du titre n’est pas un dimanche comme les autres. L’action se déroule alors que Lula accède au pouvoir au Brésil, une arrivée comparable à celle de Mitterrand en France avec des classes aisées persuadées que le pays va être mis à feu et à sang. Pourtant, dans Domingo, on prépare une fête d’anniversaire, on continue à jouir des bonnes choses. Et derrière les couleurs séduisantes et chatoyantes, Barbosa et Linhart décrivent une caste déconnectée du monde et qui danse sur un volcan.

« Les plombs ont sauté ! » C’est une péripétie dans le film, c’est aussi une métaphore assez nette dans cette farce peuplée de cochons de bourgeois. Le long métrage décrit en creux un mépris et une violence de classe dans ce récit qui se situe quelque part, en mode mineur, entre La Cienaga de Lucrecia Martel et La Règle du jeu de Renoir. Alors que Domingo semble se concentrer sur ce qu’il y a de plus sonore (préparatifs de réception et baises bruyantes), sa plus belle scène, dans laquelle des domestiques se barrent, est silencieuse. Et dans le tumulte comme dans le faux-calme, Barbosa et Linhart diffusent un mauvais esprit assez réjouissant.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article