Critique : Xiao Mei

A Taïpeï, une jeune femme se volatilise. Neufs personnes de son entourage témoignent pour tenter de reconstituer le puzzle de ses derniers jours. Cette trame a priori simple gagne en complexité grâce à un dispositif filmique audacieux. Tous les témoins s’adressent à un mystérieux interlocuteur hors champ.

Xiao Mei
Taïwan, 2018
De Maren Hwang

Durée: 1h35

Sortie : –

Note : 

GONE GIRL

Une jeune femme disparait. Des gens qui l’ont côtoyée de près ou de loin témoignent de qui elle était et reconstituent le puzzle de ses derniers jours. Chacun à son tour va s’exprimer face caméra, guidé par les quelques questions d’un cameraman resté hors-champ. Interviewer ses personnages, l’idée a un air de déjà vu (rien que cette année à la Berlinale, le procédé est brièvement utilisé dans le Japonais River’s Edge), mais le Taiwanais Maren Hwang, dont c’est ici le premier film, évite le déjà-vu.

Xiao Mei, c’est le nom de cette jeune fille, ou plutôt un pseudo, comme on l’apprend rapidement. Comme pour la Laura Palmer de Twin Peaks, on ne connaitra rien d’autre de cette héroïne centrale que les fantasmes qu’elle suscitait chez les autres. En témoignant de l’effet que son absence a aujourd’hui sur eux, les personnages du film ne font finalement que parler d’eux-même en filigrane, dressant le portrait d’une société avide de beauté et de jeunesse féminine.

Il y a une répétition un tantinet frustrante dans cette succession de prises de parole et de reconstitutions. Quelques baisses de régime fugaces quand le film cherche à amener l’émotion ou le rire par des rajouts un peu artificiels (la scène d’agression sexuelle n’est pas des plus légères), alors même que le concept narratif de base est suffisamment fort pour atteindre son but. La sobriété est encore ce qui va le mieux au film. Sur le plan visuel en revanche, la réussite du long métrage est sans équivoque. Il n’y a pas un plan de Xiao Mei qui ne vienne pas nous séduire par sa composition, par la profondeur de sa lumière. Comme les badauds devant l’héroïne, notre œil est happé par un mirage qui, une fois passé, nous laisse rêveur.

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par Gregory Coutaut

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