Critique : All You Can Eat Bouddha

Au Palacio Hotel, tout est inclus. Il s’agit d’une oasis pittoresque dirigée par un personnel impeccablement formé. Le complexe sert des clients internationaux pour des vacances de courte durée qui cherchent à profiter du soleil, des buffets et des activités de groupe. Cependant, quand Mike arrive sur place, quelque chose change. Habité par un appétit vorace, il dévore tout ce qu’il voit et ne prend de pauses que pour dormir et regarder l’océan. Le curieux personnage possède un magnétisme mystérieux qui attire le personnel et les autres touristes. Il est clair que Mike cache quelque chose…

All You Can Eat Bouddha
Canada, 2017
De Ian Lagarde

Durée : 1h25

Sortie : –

Note : 

Un grand océan et tous ses mystères : c’est ainsi que s’ouvre All You Can Eat Bouddha, premier long métrage du réalisateur canadien Ian Lagarde (lire notre entretien). Voilà un premier plan qui sied parfaitement à ce film mystérieux, encore plus lorsque des surimpressions mi-curieuses mi-inquiétantes apparaissent sur les vagues tumultueuses. L’histoire que All You Can Eat Bouddha raconte se déroule certes dans le cadre aussi cosy que millimétré d’une station balnéaire dont le régime all-inclusive ne laisse rien au hasard. Le long métrage de Ian Lagarde constitue pourtant l’un des premiers films les plus surprenants qu’on a pu découvrir ces derniers mois.

Le point de départ de All You Can Eat Bouddha pourrait être celui d’un Ulrich Seidl, avec le malaise, le pathétique, le mauvais goût, en somme ici, l’humanité qui s’agite dans la société de consommation. C’est en partie ce que peut être le film, une allégorie sociétale, mais celle-ci se love dans les eaux d’un poème aussi absurde que surréaliste. All You Can Eat Bouddha laisse une très large part à l’imaginaire le plus débridé à travers une ambition formelle de pratiquement chaque plan. Le film est rempli de visions stupéfiantes dans ce récit envoûtant où le mystique naît du plus pur prosaïque.

Un buffet à volonté, des touristes en short, et pourtant ici un simili-bouddha qui erre, ne juge pas le monde mais le contemple. Pas avare en rupture de tons, le film ne se prend pas toujours au sérieux comme lorsqu’on croise une pieuvre divine qui mêle blague potache et pouvoir de fascination total. Lagarde, accumulant les zooms hypnotiques, n’a pas à surjouer l’étrangeté: celle-ci semble naturelle tant le jeune cinéaste fait preuve d’un regard singulier, de personnalité et de talent.

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par Nicolas Bardot

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