Etrange Festival : Life Guidance

Aexander Dworsky mène une vie parfaitement réglée. Sa carrière professionnelle et familiale est une réussite, tout semble se passer à merveille dans cet univers à la gloire de la réussite et de la productivité. Mais un jour, Alexander commence à douter…

Life Guidance
Autriche, 2017
De Ruth Mader

Durée : 1h41

Sortie : –

Note : 

LA VIE MODE D'EMPLOI

« Je t’aime » : Life Guidance s’ouvre par des mots d’amour échangés tendrement au lit. Mais juste auparavant, le générique du film sous influence de Saul Bass et la menace que celui-ci installe donnent une autre sonorité à cette première scène sentimentale. Découverte il y a bientôt 15 ans à Un Certain Regard avec son drame Struggle, l’Autrichienne Ruth Mader signe son deuxième long métrage de fiction, une dystopie SF dans laquelle une sorte d’agence de classification installe des cordons sanitaires entre les citoyens valables et les plus précaires qui méritent de vivre comme anesthésiés.

Très vite dans Life Guidance, une chanson en forme de slogan est ânonnée faux par une chorale de gamins. C’est au spectacle de cette société déshumanisée jusqu’à l’absurde tension comique que la réalisatrice nous convie. Humour absurde oui, car même si la tonalité de Life Guidance est celle d’un drame de science-fiction, l’apathie des plus faibles semble commune à celle des fantômes grisâtres d’un Roy Andersson. Le personnage principal de Life Guidance est néanmoins un privilégié, dont la position peut certes vaciller, mais qui va peu à peu se préoccuper de l’« autre » monde. Ce protagoniste est interprété avec charisme par Fritz Karl, sorte de mélange autrichien de Colin Firth et de Louis-Do de Lencquesaing, et qui se tire d’un rôle aux émotions réprimées.

La SF de Mader n’est pas un grand spectacle sons et couleurs. Mais sa fine utilisation de minimalisme, par son usage des couleurs ou par ses cadres dépouillés en quelques grandes lignes, parvient toujours à suggérer un futur sans flirter avec le kitsch. L’exploitation des décors est remarquable dans l’atmosphère au bord du réel dans laquelle baigne le long métrage. C’est, au-delà de l’allégorie politique, un film de genre efficace, dont le dénouement ambigu ne ménage pas son héros, ses certitudes, sa bonne conscience – comme celle des spectateurs. « Je t’aime » : une déclaration qui semble ici vidée de tout sens dans cette société lointaine, glaciale, et si proche.

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par Nicolas Bardot

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