Critique : People That Are Not Me

Joy est une jeune fille qui marche d’un pas déterminé. Elle a un chagrin d’amour mais cela ne l’empêche pas de coucher avec le premier venu. Joy ne quitte pas l’écran de tout le film, on la suit dans sa course frénétique.

People That Are Not Me
Israël, 2017
De Hadas Ben Aroya

Durée : 1h20

Sortie : 24/10/2018

Note : 

SEXE ET AUTRES COMPLICATIONS

Réalisatrice, scénariste, actrice : la toute jeune Hadas Ben Aroya est un peu partout dans son premier long métrage, intitulé People That Are Not Me. « Je voulais faire un film sur moi, sur mes amis et ma génération. Je voulais faire un film qui ne soit ni biographique ni pornographique, un film qui serait représentatif de ce que beaucoup de gens de mon âge traversent », a commenté la jeune femme au sujet de ce long métrage découvert à Locarno. Avec son pitch, People That Are Not Me pourrait tout à fait être une comédie romantique à passer au four micro-ondes. La réalisatrice israélienne en renverse les codes : on n’assistera certainement pas ici à un film avec Katherine Heigl.

La caméra suit longuement Joy, l’héroïne, dans la ville. Ce type de séquence, ces longues prises, on les retrouvera plusieurs fois dans People That Are Not Me – des balades nocturnes, des scènes de danse. Le temps s’étire et on rentre dans la tête de Joy, qui semble être dans un total fouillis. L’actrice-réalisatrice ne se ménage pas avec ce rôle pas nécessairement aimable, en tout cas à mille lieues du type de poupées à romance auxquelles le cinéma nous habitue. Ici, on parle librement de cul et de manière parfaitement naturelle : sodomie, cuni, bukkake… mais l’amour semble être une autre paire de manches.

Le titre de travail de People That Are Not Me était It’s Pathological – à la fois plus méchant, plus noir et plus drôle. C’est pathologique ? L’autre renversement de People That Are Not Me, outre ceux des codes de la romcom, c’est aussi celui de ce genre de protagoniste amoureux et pathétique, quasi-exclusivement masculin et volontiers creepy, qui trouve ici un équivalent féminin inédit. La dernière scène du film, particulièrement gonflée, crée le malaise en même temps qu’elle amuse. Ce ton à part, cette aisance pour créer une héroïne hors normes, font de Hadas Ben Aroya un nom à suivre.

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par Nicolas Bardot

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