Critique : Amin

Amin est venu du Sénégal pour travailler en France, il y a neuf ans. Il a laissé au pays sa femme Aïcha et leurs trois enfants. En France, Amin n’a d’autre vie que son travail, d’autres amis que les hommes qui résident au foyer…

Amin
France, 2018
De Philippe Faucon

Durée : 1h31

Sortie : 03/10/2018

Note : 

COMMENT C’EST LOIN

Avec 400.000 entrées en salles et un César du meilleur film à la clef, le succès de Fatima ressemble à un coup de tonnerre dans la carrière du Français Philippe Faucon dont les autres longs métrages n’avaient pas bénéficié de la même lumière. Cela n’a pas changé le cinéaste dont le nouveau film, Amin, s’intègre à la mosaïque de beaux portraits qu’il compose depuis des années, portant de simples prénoms : Samia, Fatima ou Amin ici.

Il y a toujours chez Faucon cette impression de miniature (des films relativement courts, une retenue dramatique, une mise en scène épurée), et pourtant derrière s’exprime une grande ambition. L’économie dans le cinéma de Philippe Faucon permet d’en dire plus que bien des films, poursuivant ici sa radiographie subtile de la société française, de l’immigration et de l’intégration.

Amin fait le portrait d’un travailleur sénégalais qui a laissé sa famille derrière lui pour trouver un emploi en France. Faucon raconte la main d’œuvre exploitée, l’éloignement familial, la solitude et son regard franc et délicat est comme une bouée de sauvetage dans un océan de discours haineux et obscurantistes. Quels rapports humains impliquent ces migrations et déracinements ? Comment le rapport aux autres (à la famille éloignée, à une autre société ou une autre classe) est forgé par l’environnement dans lequel on vit, dans lequel on est déplacé ?

Comme dans Fatima, Amin observe les fossés qui se creusent inéluctablement, se comblent parfois, dans un mouvement perpétuel de rapprochement et d’éloignement. Ce n’est pas un hasard si l’on recroise Fatima à quelques centimètres d’Amin puisque leurs réalités sont parallèles et si proches. C’est aussi ce sentiment d’intimité que Faucon saisit, l’impression de capter avec justesse ce qui se passe maintenant avec une précieuse acuité.

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par Nicolas Bardot

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