Critique : Sofia

Sofia, 20 ans, vit avec ses parents à Casablanca. Suite à un déni de grossesse, elle se retrouve dans l’illégalité en accouchant d’un bébé hors mariage. L’hôpital lui laisse 24h pour fournir les papiers du père de l’enfant avant d’alerter les autorités…

Sofia
France, 2018
De Meryem Benm’Barek

Durée : 1h20

Sortie : 05/09/2018

Note : 

LES APPARENCES

Premier long métrage de Meryem Benm’Barek (lire notre entretien), jeune réalisatrice d’origine marocaine, Sofia avait sur le papier toutes les apparences du portrait de femme digne, genre bien-aimé du cinéma mais qui est parfois figé dans ses bonnes intentions. La bonne nouvelle de ce premier film est précisément de ne pas être figé mais bel et bien vivant, dans son ton comme dans sa construction. Sofia débute comme un thriller social avec cette jeune héroïne qui fait un déni de grossesse, et qui se retrouve dans l’illégalité en devenant mère hors mariage. Un article du code pénal s’invite rapidement dans le film et ses personnages tombent sous le coup de la loi. Sofia peut-elle se réveiller de ce cauchemar ?

Sofia évoque la place de la femme, elle dont le corps semble soumis au bon vouloir des hommes, du compagnon au médecin. Mais peu à peu, le long métrage élargit le cadre à la société entière. Comment peut fonctionner une société sur de telles règles absurdes ? Comment les bonnes mœurs s’arrangent avec un système hypocrite ? Sofia prend l’ampleur d’une fable où tout le monde est perdant et le film, de la condition féminine à la condition d’une société entière, se fait plus ambigu qu’au départ. Une ambiguïté nourrie par la concision du film qui dit tout ce qu’il a à dire en un minimum de temps, ne s’éparpille pas, est à la fois mordant et bienveillant – voici des débuts solides et prometteurs.

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par Nicolas Bardot

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