Burlesque

Une jeune femme ambitieuse, dotée d’une voix superbe trouve l’amour et la gloire dans un club neo-burlesque à Los Angeles tenu par Tess…

Burlesque
États-Unis, 2010
De Steve Antin

Sortie : 22/12/2010

Note : 

THE GOLDEN AGE OF GROTESQUE

Il y a beaucoup de choses à dire sur Burlesque, et contrairement aux apparences, y compris des choses tout à fait positives. « Burlesque bénéficie d’un scénario solide et original » et « On sent derrière ce film un vrai travail de mise en scène avec de la personnalité » n’en font par contre pas du tout partie. Mais peu importe, le plaisir (coupable) que procure le film vient d’ailleurs, au propre comme au figuré. L’illusion que Burlesque allait rendre hommage avec sérieux au genre de la comédie musicale s’envole au loin dès la première scène, où tous les enjeux et les dialogues sont balayés à vitesse grand V pour permettre au plus vite à Christina Aguilera de faire ce qu’elle fait de mieux : non pas jouer la comédie, mais pousser des ouuoohoohooo de soul sister toute en coffre et octaves. Ces premières vocalises forcément over the top arrivent tellement rapidement (comptez les secondes !) et abruptement qu’elles provoquent involontairement un rire stupéfait. Leur réitération par la suite à de nombreux moments clés du film les rendent progressivement de plus en plus difficiles à prendre au sérieux (le public finit par rire à chaque fois), à l’image du film tout entier. Nous voilà prévenus. Et ravis.

Car si presque tout dans le film est aussi accéléré et expédié, la vraisemblance des situations comme la profondeurs des personnages (qui, à la fin, peut résumer la personnalité du perso de Christina Aguilera ? Le rôle du beau gosse aurait il pu être joué par une poupée gonflable ? Aurait-on vu la différence ?), cette accélération se fait heureusement au profit du fun et du clinquant, d’un côté too much permanent, et surtout d’une superficialité pas vraiment maitrisée et un peu débile qui rend Burlesqueirrésistiblement camp. Que le film provoque le rire, ça n’est en effet peut-être pas intentionnel, mais la présence de Cher, elle-même une allégorie de self-ironie, place dès de le départ le film dans une certaine ambigüité. En pygmalion des faubourgs avec son perpétuel sourire en coin, elle trouve ici son emploi le plus évident et adéquat après son interprétation de Dieu dans Will and Grace. On aimerait croire à son grand moment de bravoure du film, la power-ballad You Haven’t Seen The Last Of Me, entonnée forcément seule sur une scène déserte en pleine nuit, mais 1) là encore, la scène arrive tellement comme un cheveu sur la soupe en plein milieu de récit que c’en est drôle, 2) difficile de ne pas penser à Frank Furter chantant « I’m going home » dans le Rocky Horror Picture Show tant les scènes sont similaires. Avec en prime une photo toute floue qui vient gommer chaque trait du visage, et qui n’est pas sans rappeler le flou poli dans Nine autour de Sofia Loren, qui finissait juste par ressembler à Robocop.

Du coup à qui Burlesque s’adresse-t-il, sa double tête d’affiche improbable s’adressant chacun à une cible différente ? Soyons clair : Christina et Cher n’ont pas l’air de jouer du tout dans le même film, et au final, la génération American Idol a probablement moins de chance d’y trouver son compte que tous ceux qui se savent ce que signifient les mots Truly Outrageous. Alors que le reste du monde aura des raisons de trouver ça plutôt navrant, pour tous ceux-là et les amateurs d’humour queer, Burlesque est une valeur sure.

par Gregory Coutaut

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